Qu’on ne me reproche pas d’être prolixe dans les détails ; c’est la manière des voyageurs. Lorsqu’on part pour monter sur le Mont-Blanc, lorsqu’on va visiter la large ouverture du tombeau d’Empédocle, on ne manque jamais de décrire exactement les moindres circonstances ; le nombre des personnes, celui des mulets, la qualité des provisions, l’excellent appétit des voyageurs; tout, enfin, jusqu’aux faux pas des montures, est soigneusement enregistré dans le journal pour l’instruction de l’univers sédentaire. Sur ce principe, j’ai résolu de parler de ma chère Rosine.
Rosine est un chien... et si c’était un autre animal ?
Les « tapissiers » nous racontent la rencontre avec... un cheval.
Nous ne voulons pas vous ennuyer avec les détails de notre histoire, mais nous ressentons le besoin de vous parler d’une rencontre particulière avec un cheval majestueux nommé Pégase. Son nom pourrait vous faire penser immédiatement à une créature magique de la mythologie, ce qui n’est pas le cas car Pégase n’a pas d’ailes. La magie se trouve pourtant dans les circonstances de la rencontre fortuite avec ce cheval aimable.
Dans le cadre d’un projet de SVT, nous étions en train de faire une promenade dans le bois pour cueillir des champignons ; tout à coup, nous avons entendu des bruits, qui nous ont d’abord fait penser à des écureuils. Toutefois, en nous approchant, nous avons compris qu’il s’agissait d’un hennissement. Le cheval nous semblait timide, mais après avoir sorti une pomme du sac à dos, il s’est révélé curieux et avide. Nous lui avons donné le fruit et il l’a mangé avec plaisir. En commençant à nous faire confiance, Pégase nous a reniflés, en essayant d’évaluer si nous étions une source de danger. Mais comment un groupe d’explorateurs pouvait-il blesser un cheval perdu?
On dit que les chevaux sont doués d’une intelligence excellente et Pégase ne faisait pas exception : l’introversion n’est pas du tout synonyme d’un esprit limité. En effet, notre nouvel ami s’est avéré être un grand observateur avec un sourire merveilleux ! Cela peut sembler contradictoire, mais vous auriez changé d’avis si vous l’aviez rencontré. Nous nous souvenons que Pégase a révélé sa nature douce parce que nous l’avons respecté.
Quant à son apparence, nous avons constaté qu’il était le plus beau cheval que nous ayons jamais vu : il avait un corps aux formes harmonieuses et élégantes, recouvert d’un pelage court et beige ; les yeux étaient grands et expressifs, les oreilles étaient petites et entourées d’une crinière brillante, longue et claire. Il ne lui manquait plus qu’un chevalier pour ressembler à un cheval des contes de fées ! Ce jour-là, il y avait aussi une légère brise qui traversait sa crinière magnifique, en la rendant encore plus majestueuse.
C’était beau de l’admirer et d’alimenter notre relation ; mais, à un moment donné, Pégase avait commencé à montrer un peu d’inquiétude et nous avons tout de suite compris qu’il voulait rentrer chez lui. En écartant les feuilles sur notre chemin, nous avons trouvé les empreintes laissées par les sabots de Pégase ! En les suivant, nous serions sans aucun doute parvenus à l’endroit d’où le cheval provenait.
Nous l’avons ainsi aidé à retrouver sa ferme. Le propriétaire, en reconnaissant notre sens d’humanité et en s’étonnant du lien qui s’était établi entre nous en si peu de temps, nous a finalement permis de revenir voir Pégase autant de fois que nous le souhaitions.