Un fantôme oriental
Où l’on découvre que les ombres chinoises peuvent être éclairées
Un fantôme oriental
Où l’on découvre que les ombres chinoises peuvent être éclairées
1998. Venise, Italie. Pendant les fouilles pour la rénovation du théâtre Malibran, bâti sur les fondations de la maison de Marco Polo, des archéologues retrouvent des os appartenant à une jeune femme asiatique. La fille possède quelques objets orientaux et un diadème impérial ! Celui-ci présente les armoiries de Kubilaï Khan, le neveu du célèbre chef mongol. Mais qui est donc cette femme ?
Marco avait vécu 17 ans en Chine à la cour de Kubilaï Khan où il avait beaucoup travaillé, comme son livre en langue d’oïl, Le Devisement du monde (en italien Il Milione), le témoigne. Ce n’était pourtant pas le travail qui lui avait empêché de rentrer en Italie… En fait, l’une des filles de l’empereur mongol aimait beaucoup chanter de son balcon, avec une voix très douce… ce fut le coup de foudre ! Tombé amoureux de la belle Hao Dong, après quelques temps, le marchant rentra néanmoins dans sa patrie…
Hao Dong ne voulait pas abandonner son amant, et donc elle partit avec lui, en renonçant à son Kathay pour toujours. Ah, le feu de l’amour ! Mais la vie pour Hao Dong était très difficile en Italie, parce que la princesse était exclue par la société à cause de son aspect physique et de son histoire d’amour qui n’était pas chrétienne.
En 1298 Marco Polo fut capturé par les Génois, et l’une de ses sœurs, prise de l’envie pour la vie de la princesse, dit à la jeune fille que son fiancé ne reviendrait jamais. À cause de la douleur, Hao Dong mit le feu à ses vêtements et se lança de la fenêtre d’où elle chantait habituellement. Tout à coup la souffrance s’éteignit.
Aujourd’hui on dit encore que dans la Cour du Milione on peut tantôt écouter une voix mélodieuse, tantôt voir une petite silhouette voltiger avec une faible flamme bleue entre ses mains…
Voilà que l’ombre chinoise prend un visage !
Arianna Gasperin
Corso di laurea in Lingue e culture dell’Asia e dell’Africa